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2008—Götz Werner Bilan intermédiaire sur le revenu de base

Après plus de 350 conférences et apparitions dans les médias, Gotz W. Werner tire un bilan positif.

Les rêves peuvent créer une aspiration. Même et surtout s’il s'agit de rêves réels, qui promeuvent un changement radical de paradigme. Je sens une telle aspiration depuis plusieurs années, pas seulement depuis qu'en mars 2007 est paru « Un revenu pour tous » et que j'ai promu et bataillé en de nombreuses réunions pour l'idée du revenu de base inconditionnel. L'idée d'un revenu de base - une fois de plus amplifiée par le livre -  a entretemps exercé une telle force d'aspiration que ce  débat m'a fait me retirer depuis plus de deux ans de la gestion opérationnelle de ma société. Depuis mi mai 2008, elle est, comme de toute façon c’était déjà prévu depuis longtemps, entièrement entre les mains de mon successeur Erich Harsch. Donc, je ne suis en aucun cas maintenant  à la retraite, mais devenu à temps plein -comme le dit « Der Spiegel »-"prédicateur itinérant" pour l'idée d'un revenu de base .

 

En tant que tel, je vois que beaucoup s’est modifié depuis que le livre est arrivé sur le marché .On devait déjà pouvoir penser l'idée une fois,  on devait la permettre, puis se développerait une dynamique propre dans la conscience de la société, avais je jadis formulé. C'est exactement ce qui s'est passé: l'idée ne hante pas que des petits cercles d' idéalistes désespérés ou de farfelus radicaux , mais est en fait discutée et approfondie partout. Et maintenant encore avec plus de réalisme et en même temps d'imagination , qu'il y a  à peine deux ans, lorsque le reproche de rêverie se tenait très vite à portée de main.

Chez (presque) tous les partis il y a maintenant des équipes à traiter sérieusement la question. Maintes et maintes fois nous lisons dans la presse sérieuse des contributions d'auteurs connus, qui - de manière plus ou moins expérimentés- travaillent sur le thème. La pensée gelée, figée sur cette question a commencé à se fluidifier en de nombreux endroits en même temps. Je le remarque aussi à mes interventions. Je n'impose donc l'idée à personne, ni m'active à publicité pour être en mesure de donner une conférence quelque part. Les deux, tant les questions que les demandes d'interventions surgissent plutôt de l'intérêt de beaucoup, l'aspiration mentionnée ci-dessus. D'après mes observations, plus de nouveaux cercles tirent le débat dans la société, plus la nature des questions et la direction des objections se modifie.

Ainsi par exemple la première objection standard : « avec un revenu de base inconditionnel chaque mois sur le compte plus personne n'irait travailler», perd en importance. Au cours des discussions - comme dans ce livre - je me suis étendu longuement en détail et relativement exhaustivement sur ces préoccupations. Où elles sont encore aujourd'hui mises en avant, je demande en général seulement à l'intervenant s'il trouve son travail bel et bien inutile et ennuyeux pour rester à la maison pour quelques centaines ou aussi milliers d'euros . Nous devrions en effet compter avec ce qu'une grosse partie des gens  cesse de travailler avec  au début un revenu de base de peut être 600 € si aujourd'hui déjà une grosse partie des gens laissait tomber le marteau sitôt qu'ils ont une telle somme en poche. Pourquoi personne? Parce que les gens en veulent plus. Financièrement et biographiquement. Et qui pourrait croire sérieusement que le revenu de base changerait cela désavantageusement? Je ne suis ni si naïf, ni si vain pour croire que cette évolution soit due à mes propres arguments.

Au contraire, c'est un bon exemple de la façon dont pensée et perception se modifient d'elles même dans la société.

Ce n'est pas un secret que je me suis opposé à l'introduction d'une la loi sur le salaire minimum. Quiconque croit qu'il pourrait décréter , indépendamment du marché, qui payera à qui, quel salaire, sous quelles conditions, n'est sans doute pas à garantir un revenu à l'intéressé, mais à lui en couper la possibilité. Il pourrait par le fait que chaque être humain a besoin de pain, de lait, de pommes de terre, escalope ou haricots verts, aussi bien conclure de fixer le prix de certains aliments de base par l'État. Ou de subventionner le prix du gaz. Pour finir, se profile toujours l'économie planifiée.

Toutefois, le débat sur le salaire minimum a sans aucun doute quelque chose de bon: il a une fois de plus créé une prise de conscience générale  de ce que chaque personne a besoin d'un revenu dont il peut vivre dans la dignité. Mais comme officiellement il y a plus de trois millions de chômeurs, c'est que même avec un salaire minimum , de toute évidence ce revenu n'est pas garanti à chacun. Les gens se posent donc presque automatiquement la question de savoir comment cela pourrait se faire autrement.

A cela, s'ajoute encore autre chose: la demande pour le salaire minimum a son noyau rationnel dans ce qu'aujourd'hui, exactement 1,3 millions de personnes en Allemagne ne pourraient pas vivre du revenu du travail, s'ils ne percevaient pas des prestations complémentaires du dispositif Hartz IV - c'est un quart de tous les allocataires. Ces employés décrits de manière bigarrée comme "rehaussés d'un étage" ne se porteraient financièrement pas plus mal s’ils restaient assis sur leur canapé proverbial et percevaient l'allocation « chômage II ». Si les gens en fin de compte vont travailler pour 750 € , alors bien qu’ils pourraient recevoir cette somme comme çà, il doit y avoir de toute évidence beaucoup d'autres raisons que purement l'argent: la volonté de faire quelque chose d'utile, l'affirmation de soi, le besoin d'intégration sociale, la peur de la vacuité de l'inaction totale. Si de tels ou d'autres motifs intrinsèques poussent des hommes à prendre une activité rémunérée misérablement qui en soit est souvent en plus encore insatisfaisante, que se passerait 'il s'il y avait un revenu de base inconditionnel pour tous et s’ils pouvaient gagner en plus? Alors il ne se trouverait assurément plus personne pour des jobs à bon marchés vidés de sens. Ou par exemple, leur paiement devrait être suffisamment attrayant pour que des peu qualifiés y voient au moins un revenu supplémentaire. Tous les autres seraient travail forcé ou - politiquement enrobé - "obligation au travail". Pour cette raison, disparaît d'ailleurs, de mes discussions le longtemps presque proverbial « éboueur » . Apparemment, les gens ont même vu pour la plupart par eux même, que de tels lourds et sales travaux sont socialement non seulement hautement utiles, mais aussi trop mal payés.

Bien que de nombreuses interventions de la catégorie: « l'homme est mauvais, égoïste, paresseux et gourmand » - interventions, s'appliquant toujours purement aux autres bien sûr - prennent de moins en moins d'importance, les véritables débats s'instaurent. A cela appartient la question de savoir si et comment un revenu de base inconditionnel peut être financé. Ici aussi, le débat commence à s'objectiver. Au début, j’étais confronté - en particulier de préférence par de clairvoyants économistes -  au calcul à la "Perrette et le pot au lait" suivant : paierait on à chaque Allemands un revenu de base de 1500 € , l'État aurait à dépenser 1.3 billions d'€ pour cela. Il m'était opposer, l'œil sec, pour mon idée absurde, de pulvériser notre revenu national de 1,82 trillions presque complet et pour plus de la moitié notre produit brut intérieur d'environ 2.4 billions d’€ .

Entre-temps, commence par bonheur à s'imposer l'aperçu, en soi pas particulièrement difficile à avoir, qu'un revenu de base inconditionnel ne serait pas un 'bienfait social' supplémentaire. Car les revenus existants ne seraient pas à proprement parler complétés, mais partiellement remplacés. Le revenu net de tous ceux qui gagnent plus que le montant du revenu de base resterait inchangé. En fait, en Allemagne n'ont pas seulement un revenu les quelque 40 millions dépendant de l'emploi et les quelques 2,3 millions d’indépendants, mais aussi les 40 millions d'autres personnes que ce soit en transferts provenant de l'état, ou à partir de sources familiales.

Accordé: pour les plus hauts revenus d'Allemagne comme la durable tête de Turc Josef Ackermann (14,3 millions), le chef de Siemens Peter Ltischer (11,5 millions) et le patron de Daimler, Dieter Zetsche, (10,7 millions), la déduction annuelle de 9000 ou 18 000 € d'un revenu de base se pèserait que de façon marginale .Pour la caissière de droguerie dm, pour laquelle  je continue volontiers à être interrogé (ndt: comme ex pdg de dm) et qui gagne, entre bien 1300 et près de  2100 € par mois, ce serait certainement un changement si elles ont, en plus, plaisir à travailler pour nous pour quelques centaines d'euros.

En fait, l'argent qui doit être apporté pour financer un revenu de base inconditionnel - après déduction de la plus grosse part des transferts sociaux de quelque 700 milliards d'euros payés aujourd'hui  - est seulement celui pour ceux ayant un revenu inférieur au montant en cause. Cet ainsi appelé Delta entre le revenu gagné aujourd'hui d'une part, et les faibles,  ou plutôt revenus manquants d'autre part, se situe, d'après les calculs prévisionnels de l’Institut interdisciplinaire de direction d'entreprise de l'Université de Karlsruhe (TH) que je dirige, au maximum à 70 milliards €, si l'on part d'un revenu de base de 800 euros .

 Je ne dis pas qu'on peut payer cela de la petite caisse. Mais je prétends très volontiers que, pour de telles sommes, contrairement au précèdent calcul à la « Pérette et le pot au lait », des stratégies de financement peuvent être formulées. Avec seulement une augmentation progressive de la TVA à 25 pour cent conforme à l'UE, comme c'est déjà le cas au Danemark et en Suède, se trouvent environ 50 milliards € à disposition pour cela. Si donc les privilèges sur les impôts sur le revenu et bénéfices étaient supprimés, le financement serait déjà garanti.

Si l'on comprend que les flux de revenus dans notre société ne peuvent être regardés qu’à partir d'une perspective d'ensemble d'économie nationale alors se laissent aussi 'calculer' des modification fondamentales de l'imposition de ces flux. Cela n'a pas été différent pour d'autres modifications historique du système comme de l'impôt sur les stocks à celui sur le revenu ou l'introduction de la sécurité sociale légale. L'introduction d'un revenu de base inconditionnel, serait sans conteste un changement de système. Personne ne prétend qu'il serait facile. Mais il est politiquement, juridiquement et financièrement possible. C'est, soit dit en passant, tout autre chose qu'un point de vue politique "de gauche". Ce fut l'éthicien social catholique Oswald von Nell-Breuning, qui a dit: "Tout se qui se laisse créer économiquement comme produits se laisse également financer à la seule condition qu'on le veuille tous sérieusement et honnêtement."

En ce qui concerne la question du financement, je crois pourtant toujours que nous tombons vite ici  dans le piège comptable. Plus les gens comprennent que, considéré du point de vue de l'économie nationale, déjà aujourd'hui un revenu est acquis non seulement pour tous mais qu’il est aussi de fait distribué à tous, alors la question comptable perd en dramatique - parce que le revenu de base est financé depuis longtemps. La société n'a pas besoin de générer d'argent frais et de nouveau flux de revenus, elle doit seulement organiser l'existant plus judicieusement. Et accessoirement, si l'on veut chercher des exemples pour des allocations souvent inefficientes voire  des moyens de financement contreproductifs , alors on peut le plus souvent les trouver dans les budgets publics, à partir desquels  un revenu de base ne serait  jamais finançable.

Détaille t'on ce qu'on appelle modèles comptables, et c'est le piège. On éveille la fausse impression que l'on peut tout simplement calculer à terme un long processus de transformation pas à pas à la troisième décimale prêt. C'est précision illusoire. Car de nombreuses variables, qui ne se laissent pas prévoir dans le détail ce jour vont en quelque sorte changer, au cours du développement. Pour le système social financé seulement sur le revenu des bénéfices et par là menacée d'effondrement, c'est d'ailleurs aussi valable. Avec l'inévitables croissance des erreurs et manque de plausibilité le long de l'axe du temps que l'on produit en cela, on est donc normalement amené à essayer de prouver seulement en règle générale que quelque chose ne fonctionne pas, au lieu d'ajuster les différentes étapes afin que ça aille. À cet égard, j'en reste là: il s'agit une question de conscience, donc, d'obtenir un sentiment pour le caractère de processus du changement social, et d'arriver déjà une première fois à penser l'idée du revenu de base. Alors se trouvent aussi les chemins de la transformation.

Le contraire du piège  comptable est bien sûr le piège de l'abstraction. Avec des arguments de principe comme mentionné plus haut on peut aussi laisser l'idée s'évaporer dans les nuages .Par conséquent on doit se soucier volontiers, et cela m'est aussi devenu plus clair au cours de ces deux dernières années, des premières mesures possibles vers un revenu de base inconditionnel pour tous. Voici mon avis sur trois voies essentiellement possibles: la méthode de laboratoire, la méthode par "petites bouchées" et la méthode par ondes.

Commençons avec le la méthode de laboratoire: on pourrait introduire un revenu de base d'abord provisoirement, afin d'étudier ses conséquences économiques, fiscales, sociétales ou psychologiques, avant de le généraliser en fonction de l'expérience. Les deux principales questions sont donc: Où et combien de temps essaye t'on cette solution? On procéda donc ainsi par exemple  avec le fréquent exemple négatif de revenu de base conduit lors de la soixante-dix aux États-Unis. Mais qu’arrive-t-il quand on introduit un revenu de base de manière limité géographiquement ou temporellement? Evidemment on abouti  soit à une distorsion dramatique ou à des effets collatéraux. Ce serait comme si nous passions la circulation de droite à gauche, en commençant tout d'abord avec les camions, pour voir si cela fonctionne.

Supposons qu'il y ai un revenu de base inconditionnel en Bade à partir de 2010. Le désir de nombreuses personnes de déménager à cause de cela à Fribourg ou région pourra être ralenti par la fixation d'une période minimale de résidence. Par cela ne sont pas supprimées les mille autres bonnes raisons de s'y installer: la beauté du paysage, la haute qualité de vie, un milieu de travail attrayant, des étude à l'une des universités d'élite de l'Allemagne, la nostalgie, l'amour, et ainsi de suite. Au plus, il est à ce moment pour les Badois établis un peu moins attrayant, pour les mêmes raisons, de déménager à Hambourg ou à Munich. Dans chaque cas, une grosse partie de nos sujets d'étude n'auront pas de revenu de base. Ce serait donc, considéré à la lumière, en quelque sorte une prime à l'autochtone. Et la signification de notre expérimentation, plutôt limitée.

Cela n'aurait pas plus belle allure si nous enclosions le pays de Bade, pour verser de l'argent à tous ceux qui le jour J vivaient à l'intérieur de la cage, et créer notre test de deux ans. Cela entrainerait alors des effets collatéraux même si nos participants étaient tous des saints. Sans aucun doute, on continuera à travailler en pays de Bade. Mais de nombreux propriétaires commenceraient tout d'abord à rénover à fond. Beaucoup de jeunes femmes se décideraient aussi exactement à ce moment, à avoir des enfants .Qui aurait des parents à charge se mettrait à souffler. Le nombre des jeunes qui craignent pour leurs perspectives de carrière en face d'études possibles et voulais d'abord suivre une formation (ndt: professionnelle) se mettraient directement à étudier. Qui a le soucis de ne pouvoir s'offrir d’étude, serait également moins hésitant - ce qui après tout, serait un effet positif. Qui veut écrire un livre, serait bien avisé de le faire dans la phase exploratoire. Et a qui son travail sort de la gorge, celui la,  pour autant qu'il ne risque pas de grosse souffrance d'argent, déciderait de prendre vraiment deux ans de congé à un niveau modeste.

La plaisanterie est toujours le même: tous les effets collatéraux, mis en avant par les adversaires d'un revenu de base inconditionnel, se manifesteraient immédiatement si on l'introduisait de manière limitée dans le temps. Chaque expérience de laboratoire, serait par conséquent, une prophétie auto réalisatrice. Qui n'utiliserait pas les effets collatéraux de l'instauration temporaire, se comporterait économiquement comme un client qui achèterait chaque semaine sa pâte dentifrice à la concurrence alors qu'elle serait offerte dans nos marchés. Non pas que nous ne soyons jamais tombé sur cette idée folle. Mais un revenu de base-pâte dentifrice, ne fonctionnerait sans effets spéciaux qu'en étant partout et sans limitation de durée.

Y aurait-il d'autre part, un revenu de base pour tous du berceau au tombeau, de tels effets joueraient qu'un rôle mineur. Après tout, qui voudrait écrire vingt ans durant des livres invendables? Qui prend 60 années de vacances? Serait ce vraiment plus de gens qu’aujourd'hui à ne se soucier la vie durant que de la maison, du jardin, des enfants ou à de la parenté?

Contrairement au cas de la méthode de laboratoire, la méthode "des petites bouchées" introduirait immédiatement pour tous un revenu de base, toutefois, à partir d'un faible montant augmenté par paliers. La question clé ici est, bien sûr, avec combien commence t'on? Même si l'on suppose que le changement social de mentalité aurait dissous les différents blocages politiques, c'est aussi le problème.

Instaure t'on un montant initialement très prudemment, vous réduisez les problèmes d'adaptation à la restructuration des flux de payement économiques et fiscaux. Mais autant on choisit un montant bas, autant devient difficile que le revenu de base couvre les besoins existentiels fondamentaux. Si, toutefois on instaure le montant initial trop haut, on aura plus fortement à faire avec les failles structurelles, mais au moins dans la phase initiale, aussi avec des effets collatéraux importants.

Comment on choisit le montant pour l'introduction généralisée d'un revenu inconditionnel pour tous serait une énorme expérience sociale, sans précédent en fait. Essayer de continuer comme avant, ne le serait pas moins. Mais mon inclination, à penser comme révolutionnaire, mais à agir de préférence comme évolutionnaire, ne vient pas particulièrement à l'encontre de cette approche.

Plus facilement adaptable aux structures de revenu d'aujourd'hui et des budgets de transfert serait donc peut-être, ce que j'appelle la méthode des ondes: l'introduction progressive d'un revenu de base inconditionnel d'abord pour certains groupes. La principale question ici est: Qui serait-ce? Avec l'allocation de chômage II, nous avons déjà aujourd'hui une certaine forme de garantie de base orientée sur les besoins - si nous écartons au préalable les procédures dégradantes et les conditions complètement absurdes, qui sont attachées aux condition d'octroi (y compris le besoin de consommer l'épargne-retraite).

En plus de Hartz IV, il existe d'autres formes de sécurité de base. Je voudrais en souligner deux: l'argent pour les enfants - avec tous les allégements fiscaux orientés famille et de la sécurité de base vieillesse. Même de durs adversaires d'un revenu de base universel ne peuvent nier que la sécurité de l'existence matérielle de ceux qui ne participent pas encore activement à la vie professionnelle, les enfants et les jeunes, est une responsabilité sociale .C'est la même chose pour ceux qui ne le font plus: les retraités.

Et plus fort doit sauter aux yeux le scandale quand dans les deux groupes  le secteur des revenus les plus bas tombe dans la pauvreté. Pour les enfants, la pauvreté est, vu socialement, une bêtise, la pauvreté dans la vieillesse, une ingratitude crasse. Une société qui nie à un seul enfant la gestion de sa sécurité au moins dans son existence matérielle réduit ses propres perspectives d'avenir. Je préférerais m'épargner de juger des normes morales d'une société, qui tolère la pauvreté des gens qui leur vie durant ont fait quelque chose pour cette société.

Maintenant, notre système actuel de garantie d'existence des enfants et des jeunes est de toute évidence inefficace et un injuste mélange de flux de payements. Leur revenu de base se compose essentiellement de transferts familiaux, de l'uniforme prestation pour enfants et un véritable dédale d'allégements fiscaux pour les familles avec enfants du crédit d'impôt pour enfants à l'aide à l'acquisition de logement si enfants. Que pour les enfants des gens biens payés et aisés cela aille mieux que pour ceux de faible revenu, on peut se plaindre - comme de toutes les injustices du monde. Le changer probablement pas. Qu'eux-mêmes ou leurs parents, par l'impôt, profitent d’autant plus qu'un ménage dispose de revenus est évidemment absurde. Cela reflète uniquement le malentendu fondamental de notre système fiscal dans son ensemble. Selon lui, tous les transferts n'assurent pas essentiellement une sécurité existentielle dans la dignité, mais assurent un niveau de vie une fois atteint. C'est premièrement complètement une tâche sociale, et en dernier, cependant, une affaire purement privée.

Les allocations familiales introduites l'an dernier sont un exemple paradisiaque de cette pensée. Les premières expériences montrent que les hauts revenus bénéficieront en particulier de cette réforme, pendant que la pauvreté relative des enfant a atteint des niveaux jamais atteint dans le même temps en Allemagne. Ce n'est pas seulement de la folie, c'est un scandale sociopolitique de premier ordre. Comme souvent, là encore, la politique de classe moyenne supérieure a fait pour la classe moyenne supérieure.
Nourrir et habiller un enfant raisonnablement, et lui mettre à disposition un volume d'habitat et des possibilité de jeu adapté à son âge, lui financer avant tout une bonne éducation coute pour les parents qui ne trouvent pas de travail en principe autant qu'a un couple de millionnaires. Plus va toujours, mais les besoins de base sont fondamentalement les mêmes pour tous. Un deuxième enfant ou troisième n'est pas « plus cher », ou « moins cher» que le premier. Ainsi il ne peut donc y avoir qu’un seul modèle pertinent pour la protection de base des enfants: unitaire, une allocation dimensionné de manière appropriée aux besoins pour chaque enfant. Sinon rien. En d'autres termes, un revenu de base inconditionnel pour les enfants.

Sa hauteur doit couvrir tous les coûts de la vie quotidienne, budget raisonnable pour les jouets, l'aménagement du temps libre approprié aux enfants ou inclure des choses comme les clubs sportifs et les beaux-arts - et bien sûr tous les frais de scolarité. Cet argent sécurisant l'existence des enfants tous azimut doit être payer de la date de naissance au moins jusqu'à la fin de la scolarité obligatoire, c'est à dire jusqu'16, mieux 18 ans. Sa hauteur sera probablement fonction de l'âge, mais elle doit être à long terme et en moyenne plutôt au dessus de la somme actuelle de la prestation pour enfants (154 €) et de l'allocation scolaire mensuelle (484 euros). Après tout, on pourrait s'orienter d'après la fixation du montant de base de cette limite inférieure d'environ 640 € et de la prestation de chômage ALG II payé en moyenne autour de 750 € par personne - étant entendu que, en retour toutes les dispositions liées aux enfants dans la législation fiscale seraient supprimées.

Parallèlement à cela, l'actuelle garantie pour les ainés devrait être transposée en une pension de base financées par l'impôt. Et comme il n'y a pas maintenant d'urgence imméritée quand une personne atteint 65 ans ou 67 ans, on peut difficilement s'orienter d'après les dispositions actuelles des propositions Hartz-IV. Déjà auparavant l'assurance vieillesse obligatoire et l'assurance survivants (AVS) Suisse pouvait servir de modèle, sont niveau pouvait s'orienter par la moyenne des revenus gagnés mais également par des limites supérieures et inférieures fixes. Pour une durée de carrière complète, tout Suisse cotisant sans exception, touche une rente d’au moins 680 et au plus 1360 euros. Voilà aussi un cadre pour s’orienter.

D'autre part, la fonction d'une pension de base n'est pas la sauvegarde du revenu antérieur et le niveau de vie. De cela chacun devrait s'occuper de manière privée - étant entendu ici, que les droits acquis dans le cadre du système de retraite précédent - dans les cas particuliers, sans doute encore plus compliqué - nécessite des solutions transitoires. Encore une fois, les changements de système ne sont pas faciles, mais possibles. Et que, compte tenu de l'évolution démographique tant vantée, une grande partie de la conversion de l'assurance vieillesse à une pension financées par l'impôt n'est vraiment pas une idée sur laquelle j'ai un droit d'auteur.

Mais pourquoi un revenu de base inconditionnel pour les personnes qui peuvent très bien vivre d'un bon, voire très bon revenu professionnel? N'est pas bêtise, après tout? Juste pour mémoire: aujourd'hui encore, 62 pour cent de la population vit essentiellement de prestation de transfert, et seulement 38 pour cent majoritairement de son propre travail. Même en Allemagne, en dépit du plus haut taux d'emploi mesuré depuis la guerre, encore plus de trois millions de personnes sont officiellement au chômage et 1,4 millions de manière cachée. En plus trois millions et demi de citoyens ne peuvent pas vivre d'un  seul salaire. Ils doivent avoir ou bien des emplois multiples - en Janvier 2008, ils étaient 2.15 millions - ou être "relevés d'un étage" avec Hartz IV.

Et en vérité, c'est en fait tout autre chose. Le revenu de base inconditionnel n'est pas une réponse au chômage, aux bas salaires ou à la paupérisation croissante d'une partie de la population. Le revenu de base n'a pratiquement en son cœur rien à voir avec la politique sociale, même si le débat est encore trop à chaque fois obscurci de cette perception. Non, notre société a besoin d'un revenu de base, parce que les conditions de base du travail se modifient de façon spectaculaire.

Chez Maybritt Illner (ndt: une émission radio ou télé probablement), j'ai une fois discuté avec l'acteur Heinrich Schafmeister. Il est connu entre autres choses du film Comedian Harmonists ou de la série policière Wilsberg, et appartient à la bien occupée structure moyenne de l'industrie cinématographique allemande. Schafmeister grondait vigoureusement dans l'émission sur les hommes politiques - parmi lesquels il m'a également versé par erreur dans sa juste colère - et de leur perception fausse du monde du travail. Lui même gagnai pourtant avec son engagement en tout et pour tout pas mal, mais encore toujours pas aussi bien quand entre deux projets, il devait toujours se manifester auprès de l'agence pour l'emploi. En tout cas on n'aurait jamais pensé à lui dans tous les débats sur le travail, les revenus et les transferts sociaux. Il n'était pas fondamentalement ni sans travail ni sans revenu: il ne pouvait simplement pas exhiber d'emploi et de droit à la pension continus.

Je ne pouvait alors que donner pleinement raison à M. Schafmeister, même si durant l'émission il n'y a pas vraiment prêté attention. Mais  surtout ce que dans la discussion personne n'a remarqué - ou mieux plutôt dit, voulu remarquer - était la chose suivante: L'acteur n'est pas un cas isolé exotique, mais un représentant complètement typique du monde du travail d'aujourd'hui. Bien sûr, une grosse partie des gens seront toujours au travail. En ce qui concerne l'Allemagne, un cinquième, jusqu'à un quart des employées gagnera probablement encore à l'avenir son argent dans la fabrication. Même si dans l'industrie, l'artisanat, le commerce, les secteurs des services, l'éducation ou la culture - le temps du CV lisse et de l'appartenance la vie durant à une firme est passé à jamais. La société de travail du 21 Siècle est fondamentalement marquée par d'instables et fragiles biographies professionnelles.
Dans des domaines comme la culture ou le journalisme c'est simplement déjà connu depuis longtemps. Dans l'avenir, ce ne sera pas autrement dans la banque ou dans la moyenne construction. L'emploi à vie, la société comme seconde famille - des temps passés. Changer d'employeur régulièrement, peut-être même changer complètement travail deux, trois fois la vie sera normal. Le nombre de professionnels libéraux et les travailleurs par projet augmentera considérablement. Bien des activités économiques non "glamour" vont souvent se dérouler comme les productions cinématographiques : expertes et experts hautement spécialisés vont conclure un projet spécifique ensemble, et quand il est terminé, ils se disperseront a tous vents pour un moment donné reprendre du service dans une nouvelle composition. Les entreprises, telle que nous la connaissons aujourd'hui ne seront peut-être plus alors que sorte de noyaux germinatifs pour de tels projets. Mais il est certain qu'elles n’embaucheront plus personne comme apprenti et le libérer muni d'une montre dorée à 65 ans, dans la pension .

Dans ce nouveau monde du travail, seul le changement est permanent. Tout le monde n'aura transitoirement pas de travail, parfois moins, parfois plus. La plupart des gens travaillerons à un moment dans de toutes autres professions que celles dans laquelle ils ont appris. Entre cela il y aura de longues phases pour apprendre, se compléter et se convertir. Mais cela doit être permis financièrement - sinon le concept de la formation continue la vie durant tournera à la farce. Nous travaillerons plus longtemps rapporté à la duré de vie, mais en prenant plus des temps morts pour nous-mêmes, la fondation de familles, pour des projets sociaux, politique, ou culturels. Même nos vacances normales à l'avenir  ne seront plus décidé par les accords tarifaires et les employeurs - les employés vont constamment décider entre eux, quand et combien de temps ils ont besoin pour récupérer.

Mais pas de flexibilité sans fondement. Si dans le monde du travail tout devient intermittence et économiquement risqué , alors il est impossible, que ce dont chaque homme a besoin de manière permanente et garantie, à savoir un revenu pour assurer ses besoins de base, vienne aussi du travail. Qui s'accroche à ce que le travail ne puisse signifier que gain et revenu, celui la voit donc la réalité du changement social, a peu près aussi clairement que quiconque, voulait assurer les besoins alimentaires des travailleurs de l'industrie en voulant planter des potagers derrière la caserne locative. Ce n'est que sous la pression des faits que les gens se sont autrefois lentement, parfois à contrecœur, rendu compte que l'ère de l'autosuffisance paysanne était finie pour toujours. En combien de temps et au travers quelles douleurs notre société reconnaitra t'elle la fin des conditions de travail normales et de la nécessité montante de décider d'un revenu de base, nous avons tout dans sa main - ou plutôt mieux, dans la tête.

J'essaye de façonner mes exposés pour que les gens rentrent chez eux avec des questions, non pas avec les recettes définitives. Je ne suis pas un politicien qui convainc les gens, diffuse des slogans, gagne des élections ou veux faire prévaloir son programme ou des intérêts de lobby. Je veux rendre mes auditeurs - et lecteurs- sceptiques. Ce n'est que dans le doute, que s'ouvrent les alternatives possibles.

Il n'en va pas autrement en fin de compte avec ce livre (ndt; ce texte en est probablement la préface). Ils ne doivent pas applaudir l'idée d'un revenu de base inconditionnel en fin de lecture. Il suffit qu'ils se demandent ce qu'ils feraient eux même différemment dans ces conditions .Et peut-être si certaines choses dans leur vie et de la société ne seraient pas mieux résolues avec un revenu de base.

On m'a souvent demandé si et quand je crois qu'un le revenu de base inconditionnel serait introduit. Je cite alors volontiers l'écrivain français Victor Hugo, qui a dit une fois: « Rien de ce monde se trouve aussi puissant qu'une idée dont le temps est venu ». Maintenant, c'est l'opinion de beaucoup que le temps de l'idée d'un revenu de base est vraiment venu. Mais bien sûr, je n'ai aucune idée du moment où la majorité de la société verra cela ainsi. Cependant: Le 9 Novembre 1989 à 18 h personne dans le monde ne s'attendait à ce que le mur tombe.

 

© Gotz Werner 2008